Death Valley

 

 

Mardi 1er octobre - A long journey !

 

Il est 20h et me voilà enfin arrivée à Barstow, mon étape dans le désert des Mojaves. Cette bourgade se trouve à deux heures de route de Los Angeles et je suis partie à 11h ce matin… Que s’est-il passé ?… Un pneu de ma voiture a crevé ! Heureusement, j’étais à 30 minutes d’une station essence. Là, j’ai expliqué mon problème à la directrice qui m’a aidée. Elle a appelé l’entreprise de location qui a diligenté un « breakdown service ». J’ai attendu le mécanicien, pendant deux heures en louant le ciel de pouvoir m’abriter dans la station essence climatisée et aller aux toilettes... En effet, l’air marin de Los Angeles ne parvient pas jusque dans le désert et les températures grimpent ! Il faut boire beaucoup d’eau…

 

Pendant qu’il changeait le pneu, le mécanicien m’a expliqué qu’il connaissait bien la France car il y était venu avec l’US Army. À la fin de son intervention, il a conclu que les gens sont très différents en Europe avec une pointe de nostalgie dans la voix…  J’avais donc une roue de secours mais impossible de prendre la route le lendemain jusqu’à la Death Valley… Et, à Barstow impossible de changer ma voiture avec une autre dans une entreprise de location. À nouveau, la dame de la station service m’a aidée… Et me voilà à Walmart pour faire mettre une roue neuve ! À nouveau changement de roue et discussion avec le mécanicien… Ce jeune homme est un rappeur. Entre deux boulons, il me montre un clip dans lequel il chante. Son pseudo est Kiing 36. Je lui demande pourquoi 36 ? Il m’explique que 36, c’est deux fois 18 et que l’on devient un homme à 18 ans, puis, encore une fois à 36 ans… J’aime son explication. Il me raconte qu’il vit à Barstow parce que c’est à mi-chemin entre Las Vegas où il a longtemps vécu et qu’il adore, et LA où il enregistre ses albums et ses clips. I wish you every success, Joseph ! 

 

J’ai hésité à relater cette journée pour ne pas inquiéter mes proches… Cependant, elle a été tellement riche en rencontres que j’avais envie de la partager quand même ! De nombreuses personnes, de passages dans la station service, me voyant attendre, m’ont proposé leur aide… Et puis, j’ai eu chance inouïe de tomber en panne avant d’arriver à Barstow et non pas en plein désert… C’est étrange parce qu’à Los Angeles, j’ai vu de nombreuses voitures arrêtées sur la bande d’arrêt d’urgence, notamment avec des pneus crevés et, à chaque fois, j’avais le pressentiment que cela m’arriverait sous peu… Avant de partir, j’avais vérifier le pneu de secours et « révisé » la façon de le mettre… La petite anecdote c’est que le cric (que les américains appellent un « jack ») du « Breackdown service » ne fonctionnait pas ! Le mécanicien a dû aller en chercher un autre et revenir ! De plus, la panne est survenue quelques kilomètres après le restaurant où je m’étais arrêtée pour déjeuner… J’avais envoyé un message à ma mère pour lui dire que tout allait bien en pensant qu’il valait mieux le faire maintenant… Quand tout allait bien ! J’ai eu raison d’écouter mon pressentiment ! Enfin, lorsque j’arrive à Barstow, le GPS m’indique que le California Inn où j’ai réservé une chambre est sur ma gauche… J’ai beau chercher… Je vois seulement un parking et une salle de fitness… À nouveau, je demande de l’aide… La personne me montre sur Google maps… Je lève la tête et je vois l’enseigne ! Ouf ! Je vais pouvoir prendre une douche !… Si Dieu le veut…

 

J’ai souvent constaté que j’ai le pressentiment de ce qui va se passer en positif ou en négatif et, qu’en général, il y a un enchaînement imprévu de situations qui fonctionnent à merveille… Ou pas ! Comme si quelque chose, dans l’univers se débloquait ou se bloquait… Et chaque fois, il me semble que les pensées que je génère n’y sont pas pour rien ! Mais qui était là avant, l’œuf ou la poule ? Autrement dit, les évènements sont-ils la conséquence de nos pensées ou l’inverse… ou les deux sont-ils mêlés ?

 

Je laisse cette question en suspend et savoure la joie de m’allonger dans un lit Queen Size après avoir pris une douche ! Je souris parce qu’en Amérique les lits Queen Size vont par deux… Alors que les lits King Size sont tous seuls… Ce sont des navires tant ils sont grands ! I love the King Size bed… Je suis toute seule et je m’y perds ! Mais au California Inn de Barstow, je n’ai pas eu le choix… Et puis, après ces aventures, je suis comblée d’être arrivée… Tout simplement ! 

 

Good night !

 

Mercredi 3 octobre - On the road again !

 

Je me lève à 4 heures du matin et plonge dans la piscine avec délectation. L’hôtel est endormi et le vent de la nuit souffle sur Barstow. Quelques heures de fraîcheur avant la chaleur du désert !

 

À 5 heures, je prends mon breakfast et je saute dans la voiture pour démarrer à l’aube. J’aime voir le jour se lever sur le désert et ces routes interminables se dérouler à l’horizon.

 

C’est beau, c’est grand ! C’est l’Amérique !

 

The Ranch at the Death Valley

 

À 9 heures, j’arrive à l’hôtel après avoir roulé tranquillement pour contempler le paysage et pris quelques photos. En sortant de Barstow, je suis l’Interstate 15 jusqu’à Baker. Ainsi, je traverse le désert des Mojaves. Puis, à Death Valley Junction (oui, comme dans Lucky Lucke !), j’entre en territoire Shoshone, du nom d’une tribu indienne. Autour de moi, le désert, à perte de vue et les montagnes qui concèdent un morceau de route aux humains pour être admirées ! À l’entrée de la Death Valley, je descends de voiture… et j’écoute le silence… Ça y est, je suis arrivée !

 

Quelques miles plus loin, j’arrive à l’hôtel situé au cœur de la Death Valley. Cet oasis est un refuge inespéré où le voyageur peut se restaurer, se reposer et nager… Une piscine sur une terre aussi aride paraît être de la folie pourtant, sous près de 50° en été, c’est une bénédiction ! Je suis heureuse de rester dans ce lieu charmant entouré de montagnes pendant quatre jours…

 

Il est intéressant de noter que The Ranch at Death Valley est à 65 mètres en-dessous du niveau de la mer. Les calcaires et les grès trouvés dans les montagnes alentour indiquent qu’une mer chaude et peu profonde se trouvait ici il y a 542 à 251 millions d’années. Avec le temps, tandis que la terre a été poussée vers le haut, la mer a reculé progressivement. Étonnant !

 

Buffet

 

J’ai beaucoup apprécié mon repas de midi dans une ambiance typiquement américaine. Le « buffet » correspond à un self-service en France… Oh ! Joie ! De la soupe est proposée ! Elle est bienvenue car, dès que je rentre quelque part, je suis accueillie par le souffle frais de la climatisation qui est d’abord un soulagement par rapport à la chaleur extérieure et puis, au bout d’un moment, j’ai froid !

 

Zabriskie Point Sunset

 

Je vais contempler le crépuscule à Zabriskie Point qui se situe à 5 minutes de l’hôtel. Ce point de vue sur le badland porte le nom d’un des directeurs de la Pacific Coast Borax Company décédé en 1936 qui occupa ce poste pendant 36 ans. Le borax a été découvert ici en 1870 ainsi que la présence d’argent. Les premiers ouvriers qui construisirent des infrastructures dans la Death Valley et qui travaillèrent dans les mines jusqu’en 1888 furent chinois. Il est 19 heures, le soleil descend derrière la montagne et il fait 40°…. J’imagine les convois de mineurs et les mules qui tiraient des chariots transportant du borax ou de l’argent se frayer un chemin dans ce paysage implacable… Combien ont-ils survécu ?

 

Je prends quelques photos panoramiques. Le rendu me plaît car il reflète l’immensité qui m’entoure ! Ce « badland » est le résultat des tremblements de terre et autres transformations géologiques survenus au cours de millions d’années. Je suis fascinée par la richesse des couleurs, la créativité des formes et le silence… Je suis allée dans le désert pour la première fois à l’âge de neuf ans, au Maroc. Je me souviens avoir senti une présence et l’intensité du silence. À plusieurs reprises, j’ai parcouru des déserts de sable en Afrique du Nord. En revanche, j’ai découvert les badlands au Nouveau Mexique, l’an dernier… Ce fut une révélation ! Une véritable rencontre s’est opérée… Je suis tombée amoureuse de ces espaces arides et chaotiques qui portent les marques de l’évolution de notre planète. Ils sont des témoins muets de notre histoire géologique ! Contrairement au sable qui se déplace avec le vent, la roche s’érode mais reste statique. Ce statisme jette une ancre dans mon corps et le relie au sol. Je sens les vibrations de la terre. 

 

Dieu est là… Et il me parle… J’aperçois son visage !

 

Jeudi 3 octobre - Zabriskie Point Sunrise

 

Je me lève à 5 heures du matin pour revenir à Zabriskie Point où j’étais hier soir. J’ai hâte de revoir cet endroit éclairé par le lever du jour… Lorsque j’arrive, le silence règne et le vent souffle. Cette fraîcheur inattendue me réveille pendant que le ciel jaunit à l’est et colore les montagnes de rose à l’ouest.

 

J’ai l’impression d’assister à la première aurore du monde. Dans ces paysages, je sens la nécessité d’espaces vides sur cette planète. Les déserts me semblent indispensables car ils arrêtent “l’avancée” des humains. Dans ce chaos de croûtes terrestres soulevées par les séismes, nous ne pourrions pas vivre. Ici, je fais l’expérience d’une force qui me dépasse et qui régit l’univers. Le silence s’impose devant l’immensité temporelle dont témoignent les sédiments incrustés dans la roche. Les quelques années que je traverse sur cette terre sont invisibles… Cette idée me rassure. Je ne fais que passer sans laisser de traces et m’incline devant plus grand que moi… 

 

Harmony Borax Works

 

Le soir de mon arrivée, lorsque je suis allée admirer le crépuscule sur Zabriskie Point, j’ai été touchée par l’histoire des travailleurs chinois qui ont construit la base des infrastructures encore présentes dans la Death Valley et qui travaillaient aussi dans les mines de borax.

 

Après le lever du soleil sur Zabriskie Point, je me dirige vers Harmony Borax Works. C’est ici que travaillaient et logeaient les mineurs. Sous ce soleil de plomb, ils extrayaient et traitaient le borax qui était ensuite transporté dans des chariots tirés par vingt mules. Quelques vestiges de ce dur labeur subsiste… 

 

Je me demande ce qui poussait ces personnes venues de Chine à travailler dans ce qui devait être un enfer pour eux… Si loin de leur terre natale… Je suppose que la misère en était la cause. Quels étaient leurs salaires en tant que mineurs ? Amassaient-ils assez d’argent pour rentrer chez eux et nourrir une famille ? 

 

Devil’s Golf Course

 

De 10h à 16h, je préfère éviter d’être dehors à cause de la chaleur. Je reprends donc la route en fin d’après-midi, sachant que le soleil se couche un peu avant 19h. J’emprunte une piste qui mène au Devil’s Golf Course. Les blocs de sel qui recouvrent le sol témoignent de la présence d’une mer dans le passé. 

 

Je marche dans les traces que la terre porte de son histoire, comme les rides sur le visage d'une personne… Je suis émerveillée par la beauté du paysage qui se déroule jusqu’à l’horizon et fascinée de me trouver dans le fond d’une mer. Cette vision renverse toutes les échelles de valeurs habituelles. C’est ce que j’aime dans le désert. Il me dévoile l’invisible. Ce qui se situe au-delà de ma compréhension quotidienne. En moi, il ouvre une porte sur l’inconnu du connu…

 

Je me dis que j’aimerai faire cette expérience à chaque instant… Que ma vie prend tout son sens lorsqu’elle porte son regard au-delà de ce qui est sous mes yeux. Depuis toute petite, j’ai toujours eu envie d’aller de “l’autre côté de l’horizon”. J’avais lu que dans les siècles passés, les gens pensaient que la terre se finissait… Cela m’avait donné envie de voir cet endroit… Qu’y a-t-il lorsqu’on est au bout du monde ? Un désert, peut-être ? Et lorsque nous arrivons au bout de quelque chose, n’y a-t-il pas toujours une autre chose qui émerge ? Ne faut-il pas mourir pour renaître ?

 

Golden Canyon

 

Après les blocs de sel de Devil’s Golf Course, j’explore l’entrée de Golden Canyon lorsque, soudain, je suis arrêtée par une montée impressionnante ! Je suis seule au milieu des rochers dorés. Je ne vois pas la sortie du Canyon et les parois se rapprochent. Je fais une pause pour écouter le silence… J’aime le silence des pierres… Il me parle. Je touche cette roche qui a des millions d’années et a peut-être vu naître le monde. Elle est chaude et douce sous ma paume… Peau contre peau, nous avons tant à nous dire sans un mot.

 

Artist Drive

 

Lorsque je parlais de mon voyage quelques personnes s’étonnaient de me voir passer quelques jours dans la Death Valley… Je peux comprendre que le désert fasse peur et qu’y partir seule semble périlleux… La peur rétrécit nos vies et nous limite. Ne pas avoir peur de tout, ne signifie pas avoir peur de rien !

 

Je pense qu’il faut mettre nos peurs à l’épreuve et voir de quoi elles sont faites plutôt que de nous laisser vampiriser par elles. Bien souvent, le bâton que je croyais être un serpent dans l’obscurité du jardin est un bâton, si je m’en approche ! Mais si je reste derrière ma fenêtre en me rongeant les sangs, je ne saurai jamais ce qu’il en est vraiment… Et je ne me libèrerai pas de ma peur ! Donc, j’y vais !… Prudemment, tranquillement, en faisant des pauses si nécessaire, mais je ne cède pas !

 

Dans le désert, je trouve ce qui ne m’est donné nulle part ailleurs… L’immense, le magistral, l’inconcevable ! Et le silence qui me remplit les oreilles et se diffuse dans tout mon corps pour laisser son empreinte dans mon cœur. 

 

Vendredi 4 octobre - Mesquites Dunes

 

À 6 heures du matin, j’allume le moteur de la voiture et je file dans la nuit jusqu’à Mesquites Dunes qui se trouve à 45 minutes du Ranch. Je roule vitres ouvertes et sens la fraîcheur de l’air sur mes joues. Que c’est doux ! Ici, le ciel forme un dôme étoilé qui me rappelle les peintures du Moyen Âge que j’aime tant.

 

Peu à peu, le ciel pâlit et les crêtes des montagnes apparaissent, gardiennes millénaires d’un territoire où l’humain est tout juste toléré… Je me sens toute petite au milieu de ces géants de pierre. Il me semble que je circule sur une autre planète. Pendant la nuit, aurai-je quitté la terre pour un monde inconnu ? 

 

La voiture glisse lentement dans le silence recueilli de l’aube lorsque j’aperçois des dunes de sable aux pieds des montagnes. Je me gare et marche pendant que le soleil se lève. Au fil de son ascension, les couleurs se déploient… Du rose, du jaune, du blanc et du bleu à perte de vue ! Une joie profonde m’envahit ! Le monde est vivant ! Tout est vie ! L’espérance est là, tout autour de moi !

 

Il faut laisser du vide dans nos têtes, dans nos maisons, dans nos jardins, dans nos rêves, dans nos relations pour que puisse germer la vie à l’état pur, dans son jaillissement initial ! Pour voir cela, pour toucher l’éternité, il faut se retirer où tout s’est retiré car c’est au creux de ces paysages sans eau et sans paroles que Dieu nous parle. Il est partout ! Il faut tomber à genoux de béatitude ! Il faut dire aux gens qu’il n’y a pas de honte à cela et, que pleurer de gratitude devant la beauté de la Création, n’est pas ridicule !

 

Trouvons le goût de l’éternité, de l’immensité, de l'indicible et de l’invisible… Acceptons de nous défaire un instant de nos préjugés, de nos opinions, de nos idées pour respirer… Ouvrons nos poumons au souffle de l’infini et cessons de vouloir être quelqu’un… Osons être personne, effaçons nos noms, nos âges, nos adresses et, pour un instant, respirons le miracle de la vie à plein poumon !

 

Mosaic Canyon 

 

Légère comme le vent et gonflée de soleil, je roule jusqu’à Mosaic Canyon où une piste de 2 miles m’attend. Je slalome entre les cailloux à très faible allure, suivie par un nuage de poussière. Lorsque je sors de la voiture, la vue est grandiose. Je suis sur un plateau qui surplombe la vallée où s’élève le canyon… 

 

Intérieurement, je sens comme une poussée, un mouvement qui déferle sur moi… Prise de vertige, je m’arrête… D’où provient cette sensation d’être à contre courant ? Ici, pas une goutte d’eau… J’entre dans le canyon et je comprends subitement… L’eau a laissé son empreinte sur la roche et a modelé le sol pendant des millénaires. La vision très nette d’une cascade qui déferlait dans la mer en contrebas me frappe l’esprit. En évoluant dans le canyon, je continue de ressentir le flux de l’eau. Elle est là, invisible aujourd’hui mais perceptible à travers l’énergie qu’elle a laissée. 

 

Au cœur du canyon, se dessine un vaste espace comme un lac intérieur ceint par les montagnes… J’en ai le souffle coupé ! Le silence qui règne ici a traversé des siècles de mémoire qui me rappelle que l’humanité est née hier et que son ignorance est à la hauteur de l’immensité de ce paysage. Je touche une roche ciselée par l’eau et sens sa fraîcheur sur ma paume… 

 

Inn at The Death Valley

 

Dans la Death Valley deux hôtels ont été construits. Le plus ancien, le Inn at The Death Valley, se situe à l’entrée du parc national. Lorsque les mines de borax étaient actives au XIXème siècle, il accueillait les hommes d’affaire. L’architecture conserve son cachet du passé. Cette après-midi, je vais y recevoir un massage et me délasser dans la piscine…

 

Enjoy !

 

Sunset at The Ranch

 

Je finis cette après-midi de détente en contemplant le crépuscule qui dore les nuages (une rareté ici) au-dessus de mon hôtel, assise dans une chaise à bascule, sur la petite terrasse qui se trouve devant ma chambre… Lorsque la nuit tombe, il fait toujours 40° et je rentre prendre le frais de la climatisation !

Samedi 5 octobre - Badwater Basin

 

Ainsi que l’indique le panneau à l’entrée du site, nous sommes au-dessous du niveau de la mer. En effet, la Death Valley est un des endroits les plus bas du monde et aussi les plus chauds ! Les nuages sont repoussés par trois chaînes montagneuses dont la Sierra Nevada. Par conséquent, les pluies n’arrivent pas jusqu’à la vallée. Elle enregistre 5cm de précipitations moyennes par an. De plus, le 10 juillet 1913 les records de chaleur ont été atteint avec 57°.

 

Le sol de Badwater Basin est recouvert de sel sous lequel circule une source. Elle aurait pu être d’un bienfait providentiel mais son eau n’est pas potable…

 

J’avance sur cette mer de sel avec fascination. Une fois au milieu de cette étendue, je prends conscience de l’immensité qui m’entoure… Dieu que tu m’as faite petite ! Et que c’est bon de me le rappeler ! Dieu que tu es grand et puissant… Et comme j’ai besoin de toi ! Puisses-tu toujours guider mes pas ! Qu’à chaque instant, je te reconnaisse dans la beauté de ce monde et dans les yeux des êtres…

 

Que je sois toujours en mouvement vers au-delà de ce que je peux voir… La Death Valley est un merveilleux témoignage de vie !

 

 

Artist Palette

 

Ce site se trouve sur Artist Drive, une route à sens unique qui sillonne entre les reliefs issus de secousses sismiques et de coulées de laves. Artist Palette doit son nom aux couleurs des formations dues à la présence de minéraux. Le silence accompagne ma progression entre les blocs de laves figés dans leurs mouvements. Fascinant !

 

Artist Drive

 

Artist Drive forme une boucle où je peux contempler le relief né de l’explosion de volcans il y a des milliers d’années. Je suis fascinée par l’aspect « vivant » des coulées de lave. À certains endroits les rejets volcaniques ont formé des chaos de pierres qui me donnent l’impression d’être sur la lune !

 

The Short Story

 

La Death Valley a reçu son nom anglais en 1849 pendant la ruée vers l’or en Californie. Des prospecteurs qui cherchaient à traverser la vallée en quête de champs aurifères ont été piégés pendant plusieurs mois dans la vallée. Ils survécurent et, selon la légende, une femme faisant partie du convoi aurait dit avant de partir : « Goodbye Death Valley ! ». Cet épisode a été narré dans un livre par un des survivants. Pendant les années 1850, l’or et l’argent ont été extraits dans la vallée. En 1880, ce fut le borax.

 

Mais l’histoire de la Death Valley a commencé bien avant le XIXe siècle avec la tribu autochtone Timbicha qui habite la vallée depuis au moins un millénaire. Timbicha signifie « la peinture de roche » en sa référence à l’ocre rouge fabriqué à partir d’argile trouvée ici. Une dizaine de familles vit encore à Furnace Creek, juste à côté du Ranch at the Death Valley où je loge. 

 


Timbicha Shoshone Tribe

 

« Les Shoshones Timbisha n'avaient que peu d'illusions sur la Vallée de la Mort. Ils savaient où se trouvaient les sources d'eau et où poussaient les plantes comestibles. Ils étaient familiers avec les habitudes des mouflons d'Amérique, des lapins et d'autres animaux sauvages qu'ils chassaient. Leurs connaissances leur permettaient de vivre dans une terre aride qui accueillait rarement des visiteurs.

De petits groupes campaient régulièrement près des sources d'eau du désert. Il y avait des camps d'été dans les Panamints et dans d'autres chaînes de montagnes. À partir des matières premières du désert, ils fabriquaient des outils de survie. Leur vie était faite de subsistance et de simplicité.

L'arrivée des Européens-Américains a forcé les Shoshones à changer. Ils ont fourni leur travail et leurs connaissances en échange d'argent pour acheter de la nourriture et des produits manufacturés. Les Shoshones ont ensuite fourni des paniers et d'autres articles aux touristes.

Dans les années 1930, les Timbisha, mis de côté lorsque la Vallée de la Mort est devenue un monument national, étaient confinés dans un petit village au sud de Furnace Creek. Les efforts tribaux pour obtenir une reconnaissance fédérale ont été couronnés de succès en 1983. En 2000, une action du Congrès a permis la création d'une fiducie foncière de 7 800 acres que les Timbisha pouvaient légalement considérer comme leur foyer.

Aujourd'hui, les Shoshones Timbisha sont des partenaires actifs du parc national de la Vallée de la Mort dans la préservation de la terre qu'ils ont toujours considérée comme leur patrie. »

 

Extrait du site de la Death Valley


 

Last Night in the desert…

 

Voici mon dernier soir au Ranch… Je m’assois une dernière fois sur la chaise à bascule avant de me coucher. Demain, je me lève à 4 heures du matin pour aller à Las Vegas avant les fortes chaleurs du milieu du jour. 

 

En me balançant, je pense au village de Timbisha Shoshone qui s’endort à côté de l’hôtel. De la route, j’ai vu une dizaine de Mobil Home écrasés sous le soleil. J’aurais aimé aller dans ce village mais j’ai compris que les habitants ne souhaitent pas rencontrer de touristes et que la situation avec leurs « voisins » était subie et non choisie.

 

Je souhaite clore ce séjour exceptionnel dans la Death Valley avec une pensée pour tous les oubliés de l'histoire, ceux qui ne figurent pas en gros titre sur les pages des manuels scolaires. Je sais que les natives américains considèrent certains territoires comme sacrés. Je me dis que la terre toute entière est sacrée, que chaque être porte en lui une part de lumière et une parcelle de vérité.

 

Je pense que nous portons le monde en nous et qu’il nous porte. Je ne le porte comme un fardeau mais comme un cadeau que je redécouvre à chaque instant et, avec une grande acuité lorsque je suis dans le désert. Je pourrais dire ceci : « Si tu veux savoir qui tu es, va dans le désert, marche, regarde tes peurs en face, vois tes limites, contemple tes rêves et surtout, garde les yeux ouverts pour saisir ce qui va t’être révélé… Marche les yeux ouverts et ne dis pas un mot… Et tu verras au-delà de ce que tu imagines ! ».

 

 

À mes anges gardien(ne)s…

 

Le mot de la fin est pour Solange et Marie-Christine qui m’accompagnent en pensées et en mots. De tout cœur, je vous remercie de vos présences qui traversent des milliers de kilomètres. Ce n’est pas la distance qui nous sépare les uns des autres… Ce sont les cœurs qui se parlent qui nous rapprochent, les âmes qui se comprennent sans un mot et les yeux qui voient au-delà du visible…

 

Goodbye Death Valley !… I love you…