Las Vegas 

 

 

Dimanche 6 octobre - South Las Vegas Boulevard

 

À 6h du matin, je quitte le Ranch at The Death Valley en emportant au fond de mon cœur un morceau de désert. Deux heures plus tard, je suis à Las Vegas. J’ai hâte de découvrir le Strip qui se trouve sur Las Vegas Boulevard. « Cette bande » mesure environ 7 km de long et recèle les plus grands hôtels et casinos du monde. Le Strip attire une foule de touristes venus à la découverte de son architecture unique et grandiose.

 

Après quatre jours passés dans le désert, me voici à nouveau au milieu de la foule, de la musique et des lumières… J’adore ces contrastes ! Ils sont sources de vie car, entre deux extrêmes se dévoilent tous les possibles ! Entre le blanc et le noir, se déploient tous les couleurs… Je les prends toutes avec leurs nuances et leurs combinaisons de mélanges… Je constate à quel point l’uniformité m’ennuie… À quel point je ne suis pas faite pour la routine, les habitudes et une vie bordée de sécurité. Je pense être courageuse mais pas téméraire. Prendre des risques inutiles m’ennuie tout autant que le ronronnement du quotidien. En revanche, j’aime partir à la découverte. Alors, mon pas se fait léger et, que ce soit dans la Death Valley ou sur le Strip, je vole d’émerveillement en émerveillement.

 

À mes yeux, le point commun entre le désert et Las Vegas réside dans le foisonnement de la vie. Dans le désert, je me suis nettoyée intérieurement et physiquement. Je me suis délestée de tous les poids  inutiles. J’ai vu la beauté nue de ce monde qui exprime toute sa grâce dans le silence. Cette grâce est entrée dans mon cœur et je veux la porter partout où j’irai !

 

C’est mon cadeau… Ma contribution au mouvement de ce monde.

 

Sin City

 

"Sin City" est le surnom donné à Las Vegas. Les casinos sont omniprésents dans ces immenses espaces qui proposent de l’hôtellerie, de la restauration et bien plus encore… Je suis épatée par toutes les couleurs, les lumières et l’intemporalité de ces lieux. De jour comme de nuit, ils fonctionnent. Cela me paraît être de la folie… Et je me dis que vivre dans ce monde est de la folie ! Je pense sincèrement et avec le plus grand respect pour chaque humain que nous sommes tous fous… Pas un peu fous mais vraiment fous… Il me semble que cette « folie » est inhérente à notre condition. Nous voyons les choses et les gens à travers le prisme de ce qui se passe dans notre tête... Et nous considérons que ce qui se passe dans notre tête est la vérité... 

 

Il est très difficile de voir les choses telles qu’elles sont « en vérité », au-delà de ce que produit notre esprit. Atteindre la vérité est un chemin d’Amour. La "véritable vérité" est portée par l’Amour. Si ce n’est pas le cas, il ne s’agit pas d’amour. L’Amour est ce qui se situe au-delà de tout et est partout. La première vérité est celle que j’établis sur moi-même… Parce que si je ne m’aime pas, je ne me vois pas en vérité. La conséquence est que je ne peux pas me connaître, ni me reconnaître. Je suis absente à moi-même, comme une maison inhabitée.

 

Nous avons besoin d’humains habités par leur propre présence qui est l’expression de la Présence et le réceptacle de toutes les formes de présences. Pour aimer, il faut s’aimer et pour être, il faut aussi s’aimer. Au cours de ce voyage, je comprends à quel point « s’aimer soi-même » est un don de soi à l’humanité et non un acte égoïste. Si je m’aime, je peux me donner toute entière car je ne le fais pour être aimée en retour. La véritable générosité est là. Attendre l’amour des autres, en avoir besoin est tout à fait égoïste et égocentrique, tout comme la séduction qui a pour but d’inciter l’autre à nous aimer.

 

Cessons de nous séduire, c’est une perte de temps, un artifice qui cache des blessures. Soyons vrais ! Concentrons toute notre énergie à cela et restons vigilants car le mensonge a tous les attraits de la séduction et sait prendre les apparences de la vérité… 

 

Beauty

 

En flânant dans ce que nous appellerions en France un centre commercial, mais qui, ici, à la dimension d’une ville intérieure, un magasin attire mon attention… Je vois des gâteaux tout en comprenant qu’ils ne sont pas comestibles… En fait, il s ‘agit de produits de beauté !

 

Fabulous !

 

Night Flight

 

Je rentre du Strip et saute dans la piscine pour me rafraîchir. Le désert sur lequel La Vegas a été construit offre un soleil quasi permanent, un ciel bleu parfait et des températures vertigineuses ! Après quelques longueurs, je prends une douche et descends pour rejoindre la navette qui m’amène jusqu’à la piste d'où s’envolent les hélicoptères. Ce soir, je survole Las Vegas ! 

 

J’essaie de prendre quelques photos en veillant à ce qu’elle ne soient pas trop flous… C’est un exercice difficile dans un hélicoptère ! Toutes ces couleurs m’enchantent ! Vegas scintille, brille, rutile… Devant ce spectacle grandiose, une bouffée d’émotion me submerge… J’aime ce monde, je le trouve beau et je suis émerveillée par le talent que déploient les humains et les êtres en général pour la vie.

 

Je ressens ce tapis de lumières en plein désert comme une volonté de vivre, de donner la place à la vie, de lui offrir l’occasion de se manifester. Cette planète a besoin d’être aimée toute entière. Pourquoi n’aimer que la nature et détester les villes ? Pourquoi n’aimer qu’une couleur de peau et détester les autres ? Pourquoi ne voir que les catastrophes qui s’abattent sur ce monde et, ainsi, fermer son cœur à sa beauté ? Pourquoi n’être qu’une partie de nous-même alors que nous pouvons nous déployer intérieurement ? Pourquoi tourner le dos au bonheur et nous recroqueviller sur nos ruminations ?

 

Osons la joie véritable… La joie d’être soi dans ce monde !

 

Lundi 7 octobre - Red Rock Canyon

 

Après avoir découvert Las Vegas la nuit, j’ai envie de « retourner au désert »… J’ai besoin de vide et de silence. Je sens ce mouvement intérieur, ce désir de « rien ». Cette soif d’écouter, d’entendre…

 

Ce besoin de vide et de silence me permet de créer un espace au sein duquel je peux accueillir ce monde avec ses contrastes, ses joies et ses violences. Si je suis en permanence au contact des autres, ma jauge émotionnelle explose. Alors que si je me retire, je me retrouve, me nettoie et m’allège… Je vois la lumière pure.

 

Mais, au bout d’un moment les couleurs de ce monde me reviennent. J’aime les contempler, observer leurs nuances et ressentir leurs intensités ! Dans Red Rock Canyon qui se trouve à une demi heure de Las Vegas, je suis subjuguée par un foisonnement éclatant de rouges, de blancs et d’ocres sous le bleu du ciel. Dieu que c’est beau ! Dieu que tu es beau ! Dieu que tu as fait ce monde magnifique !  À chaque instant, nous devrions tomber d’amour devant la beauté de ce monde. Chaque fois qu’une colère nous prend, qu’une haine nous saisit ou qu’une broutille nous incommode, nous devrions nous souvenir de la beauté indicible de la création et ouvrir nos bras à la vie !

 

La chair de la roche…

 

De temps en temps, je m’arrête pour toucher la roche. À l’ombre, elle reste étonnamment fraîche. À Red Rock Canyon, la roche est composée de grains de sable qui se sont durcis sous l’effet de l'aridité. Il y a quelques milliers d’années, se dressaient ici des dunes. D’ailleurs, les rares fois où il pleut, suffisent à rendre la roche friable… Elle redevient sable !

 

Je me dis que la roche et les humains se ressemblent étrangement. En effet, ce que nous sommes profondément reste ancré en nous malgré les aléas de la vie. Il y a dix ans, lorsque je suis tombée malade, j’ai compris cela. J’avais la sensation de disparaître peu à peu. Lorsqu’il ne m’est resté que les os et la peau, j’ai vu qu’à l’intérieur quelque chose subsistait. Quelque chose de fondamental, de viscéral, d’essentiel. L’essence de ce que je suis était là. Il a fallu que J’atteigne un certain stade d’anéantissement  physique et psychique pour voir cette force qui me maintient en vie. J’ai compris qu’elle ne vient pas de moi mais qu’elle m’est donnée par plus grand que moi…

 

Dieu que tu as eu raison de me montrer le chemin de la mort et de me donner vie à nouveau. Tu m’as fait voir toute l’étendue de ta force et de ton amour pour en témoigner. Pendant longtemps, j’ai cherché quelle était ma place dans ce monde et ma mission… Je pressentais que ma mission était de témoigner. Pendant de longues années encore, j’ai pensé qu’elle consistait à témoigner de l’injustice pour défendre les plus faibles… J’en ai passé du temps à chercher sans voir ce qui était sous mes yeux, profondément ancré en moi… La beauté de ce monde ! Lorsque j’ai retrouvé le Christ après trente années d’errance, j’ai compris que ma mission était de témoigner de la beauté de ce monde. C’est une chose que je sais voir et je trouve les mots pour le dire. 

 

Mon père aimait beaucoup prendre des photos, notamment de fleurs. À travers ces sujets, il exprimait sa délicatesse et sa poésie. Lorsqu’il est décédé, j’ai eu envie de photographier… Mon père me passait le relais. Je me suis lancée sans trop savoir où j’allais. Mais il était à côté de moi, pour le meilleur, quoi il ait été durant sa vie terrestre. Il me guidait vers mon essence. Plus je photographiais, plus je comprenais… L’outil qui me permettait de témoigner m’avait été donné. Lorsque j’allie photographie et écriture, ma vie prend tout son sens. Je suis à ma place avec le mouvement pour photographier et le statisme pour écrire… J’ai besoin de tout ce qui compose ce monde et de chaque être pour vivre !

 

Une goutte d’eau suffit…

 

Je suis émerveillée par la puissance de vie de la végétation dans le désert. Elle s’est adaptée à ce milieu. Certaines plantes ont des racines de plusieurs mètres de long, d’autres forment un réseau souterrain d’irrigation… Quelle intelligence !

 

Avec tout mon respect !

 

 

MGM Grand

 

À cinq minutes en voiture de mon hôtel, se trouve l’extrémité sud de Las Vegas Boulevard sur lequel se trouve le Strip. Ce soir, j’assiste au spectacle de David Copperfield au MGM Grand. Il a son propre théâtre et joue deux fois par soirée à l’âge de 68 ans ! Quelle prouesse ! En revanche, le public n’a pas le droit de prendre des photos pendant le show…

 

 

Quand j’étais jeune, je me souviens de l’avoir vu à la télé. À cette époque, je m’étais dit que j’aimerais bien assister un jour à un de ses spectacles en vrai. Pourquoi ?… Pour tenter de déceler le « truc » qui se cache derrière l’illusion… Pendant plus d’une heure, je scrute la scène et n’y vois que du feu ! Au cours de ce spectacle, David Copperfield nous raconte l’histoire de la relation avec son père. Quand il était enfant, ce dernier lui a demandé ce qu’il voulait faire plus tard. David Copperfield a répondu magicien. Son père s’est alors exclamé que c’était impossible. Au fil du récit, le magicien fait apparaître une moto, une voiture… Il fait disparaître une personne et lui-même… Il devine ce que pense des spectateurs… C’est déjà pas mal ! Mais ce qui m’a vraiment épatée c’est lorsqu’il a fait apparaître une soucoupe volante dans le théâtre.  Pas une soucoupe volante miniature, non ! Une vraie soucoupe volante qui volait dans la salle !

À cet instant, je me suis dit que si l’art de cet homme avait autant de succès à Las Vegas, c’est parce qu’il incarne parfaitement le rêve que la ville propose. De l’illusion et de la démesure ! À en croire l’histoire qu’il raconte, David Copperfield s’est accroché à son rêve malgré les doutes de son père. Cette narration m’a renvoyée à ma propre histoire… J’ai pris conscience de l’énergie et de la ténacité nécessaires à la  réalisation d’un rêve. Il n’y a pas une seconde à perdre ! Ce spectacle m’a donné la quintessence de l’énergie de Las Vegas… Le mouvement vers l’avant et l’enthousiasme de se lancer !

 

Mardi 8 octobre - Valley of fire

 

À une heure de route de Las Vegas, se trouve un désert qui doit son nom à la couleur de ses roches. Je pars vers huit heures avec quelques nuages légers… Je sens qu’ils ne sont pas porteurs de pluie mais annoncent un accroissement de la chaleur. Je ne me trompe pas ! Dès dix heures, les nuages disparaissent et la vallée s’enflamme !

 

Shapes

 

Je suis subjuguée par les formes que creuse le vent dans la roche. Je m’amuse à déceler des animaux et même une tête de mort au fond d’un canyon ! Je trouve un coin d’ombre et m’assois un instant pour admirer la force des images et des représentations que produit mon esprit.

 

Après avoir marché sous un soleil implacable, j’arrive au fond du canyon, je suis seule au milieu du silence immobile de la roche et lève la tête… Que vois-je ? Une tête de mort ! Dans ce contexte, il y a de quoi frémir, y voir un présage et peut-être faire demi tour rapidement… Je prends le temps de sourire à la perception qui se présente à moi. J’aime parler à la nature… Alors, j’entre en conversation avec l’énorme bloc de sable solidifié. 

 

La première vision me ramène à la fragilité de ma condition humaine. Mes yeux sont le réceptacle d’images qui se superposent sur ce qui se présente à moi. Je connais la nature de ce que je vois, pourtant, tout un réseau d’interprétations et d’émotions que je ressens comme agréables ou désagréables se met en place. Si bien que je peux vivre des états de paniques ou de joies intenses simplement en voyant quelque chose d’immobile… Et si je ne prends pas de recul, si je saisis ce que mon esprit génère, je peux être envahie d’une émotion incontrôlable, dans certains cas…

 

Assise à l’ombre, je sens une brise se faufiler sous mes vêtements humides de sueur… Quelle fraîcheur inattendue !  Je me sens vivifiée ! Voilà la joie qui apparaît… Il en faut peu pour changer d’état d’esprit !

 

Bighorn

 

C’est avec joie que je croise des mouflons venus boire dans un filet d’eau. J’observe qu’ils restent plus ou moins groupés, sauf un mâle qui semble être l’éclaireur du groupe. Il est vigilant et m’interroge du regard. Je lui parle doucement… Je lui dis qu’il est magnifique et que je suis son amie… Il bouge doucement la tête et je sens qu’il me comprend.

 

Cette rencontre est magique ! J’en suis très émue et reconnaissante… Merci de ce beau cadeau !

 

Pétroglyphes

 

Quelques traces des natives américains qui vivent dans cette partie du Désert des Mojaves subsistent. Chaque fois que je contemple ces vestiges, je suis touchée par la présence de mains ou de pieds. Ce lien avec les humains du passé est direct… Nos pieds et nos mains n’ont pas changé ! Ils traversent les millénaires avec cinq doigts !

 

Water !

 

Là, au creux de la roche, se niche un peu d’eau ! Un miracle !

 

 

Hommage

 

Nous sommes mardi et je pars jeudi. C’est la dernière fois que je viens dans le désert… Alors, je prends un instant pour contempler la beauté et la force de la végétation qui pousse ici. Qui a dit qu’il n’y a pas de vie dans le désert ? Si infime soit-elle, elle se déploie avec une puissance inattendue !

 

Pour la voir, il faut arrêter sa course et écouter… Je pense que dans mon quotidien, ce n’est pas très différent malgré les apparences. En effet, je ne vis pas dans le désert mais si je ne me mets pas à l’écoute de la vie, je ne la perçois pas… Même au sein d’un cercle chaleureux d’amis ou dans la fraîcheur de mon jardin…

 

Écoutons la vie ! Contemplons-la telle qu’elle est ! Et rendons grâce qu’il nous soit donné à voir la beauté !

 

À bientôt, désert bien aimé !

 

 

Bellagio

 

Après avoir passé la matinée dans le désert, je poursuis ma découverte du Strip… Changement complet d’ambiance !… En apparence car c’est toujours le foisonnement de la vie que je contemple !

 

J’entre dans les hôtels les plus célèbres de Las Vegas Boulevard… Chacun a son style et me fait entrer dans son univers à travers des kilomètres de rues intérieures… Grandiose !

Caesars Palace

 

Ce complexe hôtelier est le plus célèbre du Strip notamment parce que Céline Dion s’y est produite pendant quelques années. Aujourd’hui atteinte d’une grave maladie qui la paralyse, elle a quitté la ville et est rentrée au Québec.

 

Le Caesars Palace est une hymne à la Rome antique sous un ciel artificiel bleu rose… Une certaine idée du romantisme. Je constate que l’Europe est omniprésente dans ces espaces où tout le monde peut entrer, comme autant de traces des origines des habitants de cette ville et d’une partie de la population américaine.

 

Je trouve ces références à l’Europe touchantes, d’autant qu’elles sont teintées du goût local. Je ressens ces reconstitutions comme une marque d’admiration pour notre patrimoine, qui est aussi celui des colons venus s’installer dans le Nouveau Monde. Je pense à celles et ceux qui ont quitté l’Europe poussés par l’espoir d’une vie meilleure… Il semblerait que les complexes hôteliers qui jalonnent le Strip témoignent d’une éclatante réussite… Mais je sais que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, sous toutes les latitudes.

The Venetian

 

En attendant que les portes du théâtre du Cirque du Soleil ouvrent au Treasure Island, je prends quelques photos du Venetian qui se trouve juste en face. Encore un petit voyage vers l’Europe et ses sites touristiques mythiques ruisselants de lumières « vegasiennes » !

 

Le Cirque du Soleil 

 

J’avais déjà assisté à un spectacle de cirque moderne mais ici, les moyens mis en oeuvre permettent une mise en scène époustouflante ! La scène se déplace, se lève, s’abaisse et l’éclairage est féérique ! J’aime particulièrement les voltigeurs. Je m’envole avec eux !

 

Surprise !

 

À deux heures du matin, j’entends une explosion… J’ouvre les yeux et écoute… Personne ne court, pas d’affolement… Le Days Inn dans lequel je séjourne est composé de deux étages dont les chambres donnent sur des coursives. Je sors et aperçois un feu d’artifice ! J’attrape mon appareil photo et descends… Décidément, Las Vegas ne dort jamais !

Seven Magic Mountains

 

En plein désert, à vingt minutes de Las Vegas, se dresse une œuvre produite par le Nevada Museum of Art, inaugurée en 2016. Ce land art a été crée par l’artiste suisse Ugo Rondinone. Il est intéressant de noter que ce projet a coûté 3,5 millions de dollars. De plus, les Seven Magic Mountains sont l’une des plus grandes installations artistiques réalisées depuis 40 ans.

 

Au-delà de l’aspect esthétique et de l’idée que je trouve intéressante, je suis tout de même étonnée du montant de ce travail artistique constitué de blocs de pierres empilés et peints à la bombe… À l’ombre d’une des sept « montagnes », je me dis que j’aurai bien aimé savoir ce qui a coûté aussi cher dans cette création.

 

 

 

Dernière balade sur le Strip…

 

Voilà la fin de ma dernière journée à Las Vegas qui approche. J’en profite pour visiter quelques complexes hôteliers emblématiques du Strip. Dans l’ordre, voici le Luxor, le Mandalay Bay et le Fontainebleau… Un déploiement d’opulence !

 

Je retiens de ces visites un sentiment d’enfermement. En effet, ces constructions sont immenses et constituent des villages avec des commerces, des restaurants et des casinos. Cependant, lorsque je circule à l’intérieur de ces bâtiments, le ciel me manque ! Au bout d’un moment, j’ai besoin de sortir pour voir l’infini !

 

Cela me rappelle quand j’ai été malade à l’âge de 12 ans. J’avais eu une péritonite aiguë et mon intestin me faisait beaucoup souffrir alors que le soleil d’août brillait sur le carreau de la chambre. J’avais tellement envie de sortir et de courir avec les enfants que j’entendais dans le parc de l’hôpital ! Chaque matin, je m’accrochais à ce bout de ciel bleu et ne le lâchais pas de la journée … Je me disais qu’un jour je sortirai de ce lit d’hôpital et que je pourrai à nouveau marcher sous le ciel !

 

Qu’y a-t-il le plus grand que lui ? 

 

Vendredi 11 octobre - Blessing

 

J’ai décollé de Las Vegas le jeudi 10 octobre à 11h15 et atterri à Toulouse le vendredi 11 octobre à 13h55. Le soleil brille sur la ville et je sens un vent de liberté qui souffle dans ma vie. Je suis partie avec la nécessité de me libérer. Je reviens avec une sensation de liberté ! Dieu que je suis heureuse… Béni soit le ciel ! Bénis soient tous les êtres ! Bénis soient celles et ceux qui m’ont accompagnée pendant ce voyage ! Bénie soit ma mère !

 

Je sens que ma vie prend un nouveau tournant. De tout mon cœur, j’y aspire ! Depuis dix ans, pierre à pierre, je construis ma vie… Pas à pas, je cherche un chemin en adéquation avec mes aspirations profondes… J’ai la conviction que tout le travail intérieur accompli porte et portera ses fruits en me permettant d’accomplir ma mission dans ce monde. Ces années de réflexion, d’analyse et d’exploration m’ont permis de trouver ma place intérieurement. Cela se révèle et se révèlera à l’extérieur. J’ouvre grand mes bras à l’avenir car je suis persuadée que le meilleur m’attend.

 

Les lendemains me diront si mon pressentiment est juste…


L’Emmanuel

 

Cette carte représente une icône de Jésus qui m’a été donnée par l’Évêque d’Albi, lors de ma confirmation en mai 2023.

 

Lorsque je voyage, je l’emporte avec moi et la pose sur une table de chevet dans les chambres où je séjourne. Le Christ pose la question : « M’aimes-tu ? ». Je perçois cet amour pour le Christ comme la source, l’essence de tout amour. Quand j’étais enfant, j’aimais le Christ… Je voulais devenir religieuse car je ne voyais pas ce que je pourrai faire de ma vie, si ce n’est de suivre celui qui est Amour. Quel sens ont nos vies sans amour ?

 

Après des années d’errance et à bientôt cinquante ans, j’ai retrouvé le Christ et avec Lui la source d’Amour. Cette carte que j’emporte lorsque je voyage ou l’icône que j’ai écrite posée sur ma table de chevet, sont la marque de Sa présence auprès de moi. Je ne veux plus le perdre de vue car je sais que loin de Lui, je m’éteins peu à peu. Je veux rester près de Lui, tout contre Lui car me sentir reliée au Christ donne un sens à ma vie.

 

 

Saint François d’Assise

 

J’ai pris cette représentation de Saint François d’Assise en photo au Sanctuaire de Chimayo au Nouveau Mexique, l’an dernier. À cette époque, je sentais grandir en moi ce désir de suivre le Christ dont parle Saint François, qui s’était mis à la suite du Christ pauvre.

 

Je me suis interrogée sur la nature de cette pauvreté qui n’était pas que matérielle mais qui touchait aussi l’ego. Je m’étais attardée sur cette notion qui faisait écho aux enseignements bouddhistes que j’avais suivis quelques années auparavant. J’étais en quête de ma façon de suivre le Christ.

Qu’attendait-il de moi ?

 

Au cours de ce voyage de Los Angeles à Las Vegas, la réponse m’est apparue clairement. Ma façon de suivre le Christ est d’aimer ce monde. Marquée par cet extrait de l’Evangile de Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. », je me disais qu’être chrétien consiste à aimer ce monde et à l’accueillir sous tous ses aspects. Il me semblait que je pouvais suivre ce chemin qui me permet d’exprimer ce que je ressens.


Dolce Vita…

 

Ô mon païs ! Ô Toulouse ! Que j’aime ta Dolce Vita aux terrasses des cafés… Je me revois à vingt, trente et quarante ans… Assise ici ou là… Amoureuse de la vie autour de moi !

 

J’aimais écouter le chant des accents dans les conversations aux tables voisines, miroiter le soleil sur les couleurs de peaux et sentir les effluves de cannelle qui dansaient au-dessus des théières… Et tous ces étudiants venus des quatre coins du monde qui font souffler un vent d’avenir sur les briques roses centenaires ! Que j’aime ces jeunes dont je sens la force vive ! Qu’ils marchent confiants, qu’ils créent, qu’ils innovent, qu’ils inventent, qu’ils savourent tous les bonheurs… Demain leur appartient !

 

Dimanche 13 octobre - Magic Basilica

 

Je passe le week end à Toulouse avant de rentrer chez moi… Ce matin je vais à la messe. Il fait beau et le clocher se détache sur le ciel bleu. Je prends le temps de contempler ce moment magique que je n'ai pas vécu depuis longtemps... Un dimanche matin à Toulouse !

 

Je goûte le calme de la ville… Elle respire doucement. Dans les rues, quelques passants tranquilles… Qu’il est bon de flâner à Toulouse ! Que cette ville est faite pour ça… De la Place des Carmes à Saint-Sernin, les rues piétonnes tracent une longue artère pour les marcheurs qui rêvent le nez au ciel. Les pavés luisent sous le soleil et le temps s’égrène lentement jusqu’à midi…

 

Je suis née ici et j'y ai vécu de 19 à 43 ans. La maladie m'a arrachée à toi, Ô ma ville... Que je suis heureuse de te retrouver ! Tu m'as manquée... Je t’ai quittée enténébrée et te retrouve radieuse !

 

Dieu que tu me combles de grâces !

 

 

 

Le monde est mon pays…

 

Mon voyage s’achève ici, dans cette ville où je suis née il va y avoir cinquante ans, bientôt… Je sentais le besoin de revenir ici après six années d’absence et ce voyage aux États-Unis. J’ai revisité mon passé d’adulte. J’ai marché dans mes pas de jeune fille et revu la femme qu’elle était devenue. 

 

J’ai bouclé une boucle et ouvert un grand ciel ! Ma vie m’attend avec un nouveau départ, certainement pour ailleurs… J’ai compris que le monde est mon pays et que Dieu est maison.

 

Partout, sur cette terre, je le trouverai. Je peux partir le cœur et le pas léger. Il est là… Il m’accompagne…Invisible et constante présence qui marche à mes côtés.

 

 

À très bientôt…